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Comprendre une consigne

La compréhension d’une consigne renvoie le plus souvent à un savoir-faire qui se traduit par  une action à réaliser.

Cela ne signifie pas toujours qu’elle renvoie à un apprentissage…

 

Le savoir faire se situe souvent dans une action à réaliser.

Cette action témoigne d’elle même de ce que la consigne demande de faire :

-         souvent se déplacer : avancer, se ranger, s’asseoir, aller dans tel ou tel endroit précis

-         prendre un outil ou support  particulier : crayon, cahier, classeur,  ciseaux

Cette action peut aussi témoigner d’un savoir faire supposé, relié à l’utilisation de connaissances particulières :

-         Découper des lettres, mots images ou dessins, dans une activité qui suppose ensuite de coller ces éléments pour les assembler ou les placer à coté d’un autre élément.

Il y a donc prise en compte d’une association particulière qui est utilisée pour mettre en lien les éléments découpés.

-         Entourer, relier, colorier des lettres, mots, images ou dessins.

Cette action sert souvent à distinguer des éléments particuliers en fonction d’une analogie, d’une différence ou d’un critère déterminé supposé connu :

colorier  le même ; relier deux mots d’une catégorie ; entourer celui qui n’est pas du même ordre etc

Ce type d’activités occupe l’enfant , le plus souvent à partir d’un support papier, et permet ensuite de montrer la trace d’un savoir faire qui peut  alors être identifié comme une

« compétence ». Et pourtant on ne sait pas ce que l’enfant a vraiment compris de ce qu’il a fait . Jusqu’à 6,7 voire 8 ans c’est l’action qui prime dans la pensée de l’enfant.

Et donc ce qu’il reste de ces activités relève le plus souvent de l’action : j’ai découpé, j’ai colorié, j’ai fait des ronds…L’enfant n’a alors pas pénétré le sens de l’activité. Il a réalisé un geste qu’il évoque. Il n’évoque rien d’autre…

Quand l’enfant parle des éléments qu’il a utilisés et les relie à l’action : « J’ai collé des lettres ; j’ai colorié des mots ; j’ai barré le S » , il a conscience d’avoir utilisé des éléments particuliers. Mais une fois encore cela ne veut pas dire qu’il a compris le sens de l’activité… Pour savoir ce qu’il a vraiment compris de ce qu’il a fait, il est nécessaire de le questionner et de préciser clairement dans toutes les directions : Tu as collé ? Qu’est-ce que tu as collé ? Comment tu les as collés ? Pourquoi tu les as collés comme ça, ici ? Ses réponses à ce type de questionnement permettront de voir s’il a utilisé la mise en relation nécessaire :

« J’ai collé là parce que c’est pareil. » : L’enfant ne dit pas pourquoi c’est pareil et pourquoi il fallait que ce soit pareil…Il faudra donc préciser le questionnement. Et pourquoi il faut que ce soit pareil ? Qu’est-ce que ça veut dire quand c’est pareil ?

«  C’est pareil parce que c’est le même… » C’est le même quoi ?

«  C’est le même animal, mot, nombre, etc… » Ce n’est donc qu’après que l’enfant aura pu dévider le fil de sa pensée , de sa réflexion sur le pourquoi de son action que l’on pourra savoir ce qu’il a vraiment compris. Pas avant !

Beaucoup d’enfant réalisent une action correctement, en apparence, parce qu’ils ont déjà réalisé une action du même type, parce qu’ils voient les autres le faire, parce qu’ils ne savent pas quoi faire d’autre avec ces éléments et ces supports, mais il n’y a pas recherche d’associations ou critères particuliers qui donneraient sens à leur activité. Il n’y a pas évocation ou représentation mentale préalable de la signification, éventuellement celle de l’action

Pour qu’il y ait apprentissage il y a nécessité de savoir ce que l’on fait et pourquoi on le fait. Cela permet alors d’avoir de vraies intentions, d’utiliser les critères ou éléments en fonction de leurs particularités et du coup de réaliser des mises en relations ou des distinctions qui sont reconnues et explicites pour l’enfant. Et cela se traduit par ses mots : «  J’ai collé les lettres comme ça parce que ça fait mon prénom. Si je mets pas ces lettres là comme ça je ferai pas mon prénom ! »

Et donc il sait ce qu’il fait, pourquoi et comment il le fait parce qu’il a déjà construit l’apprentissage supposé à travailler… Il s’agit d’une situation d’évaluation dont le sens n’a été véritablement connu que quand l’enfant a exprimé le pourquoi de ses choix. L’apprentissage ne peut être réalisé que dans le questionnement, dans l’essai, le doute, l’expérience et l’échange pour voir l’écart. Bref dans des situations ou il n’y a pas de consigne à prendre en compte…

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