Toc ! Toc ! Qui est là ?
Sally Grindley et Anthony Browne - Ed Kaléidoscope Ecole des Loisirs
Cet album présente
soit une petite fille qui se trouve dans son lit avec en bas de page : Alors , tu n’entreras PAS ! et sur l’autre page une
porte sur laquelle est écrit : Toc ! Toc ! Qui est
là ?; soit en gros plan un personnage central .
Le texte se trouve alors sur l’autre page. P 2 :
Toc ! Toc ! Qui est là ? P 3 : C’est
moi , l’énorme
gorille aux gros bras poilus et aux grandes
dents blanches. Quand
tu me feras entrer, je te
serrerai si fort
que tu en perdras le souffle. P 5 : Alors , tu n’entreras
PAS ! P 6 : Toc !
Toc ! Qui est là ? P 7 : C’est
moi , la méchante
vieille sorcière au chapeau pointu
et à la baguette pleine de tours de magie.
Quand tu me feras entrer ,
je te transformerai en grenouille ! P 9 : Alors , tu n’entreras PAS ! P 10 :
Toc ! Toc ! Qui est là ? P 11 :
C’est moi , le fantôme effrayant
au visage blanc comme un linge et aux
chaînes clique tantes. Quand
tu me feras entrer, je te
hanterai. P 13 : Alors , tu n’entreras PAS ! P 14 :
Toc ! Toc ! Qui est là ? P 15 :
C’est moi , le terrible dragon
couvert d’écailles au museau qui fume et à la gueule enflammée.
Quand
tu me feras entrer , je te mettrai à cuire pour mon goûter ! P 17 : Alors , tu n’entreras PAS ! P 18 :
Toc ! Toc ! Qui est là ? P 19 :
C’est moi , le plus grand géant du monde aux yeux gros comme des ballons de foot et aux pieds larges comme un terrain de rugby. Quand tu me feras entrer ,
je te piétinerai ! P 21 : Alors , tu n’entreras PAS ! P 22 :
Toc ! Toc ! Qui est là ? P 23 :
C’est moi , ton bon
papa câlin avec une grande tasse de chocolat chaud et une histoire à raconter. S’IL TE PLAI¨T, est-ce que
je peux entrer ? P 24 :
ENTRE ! ENTRE ! ENTRE DONC ! P 26 : Il y
a eu un gorille à la porte et une sorcière et un fantôme et un dragon et un
géant et… P 27 : Je savais que c’était toi… pour
de vrai ! |
Toc !
Toc ! Qui est là ? Cet album traite de la croyance par rapport aux
peurs enfantines. Il reprend par l’image ce que la petite fille
peut se faire comme représentation dans la tête de ce que chaque personnage
peut évoquer comme danger. La structure
répétitive est utilisée pour faire évoluer le récit et les dialogues :
même reprise pour faire apparaitre le personnage, pour lui répondre
, pour qu’il se présente et qu’il évoque le danger ; même temps,
le futur, pour la réponse . Beaucoup
d’adjectifs et de compléments qui personnalisent chaque apparition
. Un verbe
particulier pour évoquer ce que va faire chaque personnage
. La visibilité
des pantoufles peut ne pas apparaitre lors d’une première lecture. Elle doit
donc être questionnée en fin de récit et fait apparaitre la connivence entre
la petite fille et son père ; elle explique que la petite fille n’a pas
vraiment peur et qu’elle peut continuer à faire face à ces hypothétiques
dangers. Il est important de mettre en lien cette connivence entre les deux
personnages, et celle de l’auteur,
pour montrer la différence entre ce qui est visible et peut apparaitre comme
vrai et ce que l’auteur veut vraiment dire. Cela alimente
aussi un questionnement sur le vrai, le réel, le rapport à l’image et à
l’information…Cela est difficile pour des enfants de maternelle de rentrer
dans cette prise de distance et de construire un point de vue différent de ce
qui est visible ; il est aussi difficile pour des enfants de cet âge de
comprendre que les bulle au dessus de la tête de la petite fille représente
ce qu’elle imagine. La notion de représentation « dans la tête »
n’est pas construite avant 5 ou 6 ans. Les jeunes enfants pensent que chacun
pense comme eux ; et que ce qui est visible est présent et
« vrai ». Il s’agit donc
de pénétrer une vraie difficulté : celle de la croyance dans ce qu’elle
a de plus complexe : le vrai /faux ; le réel / abstrait. Le texte
ne permet pas à lui seul la compréhension de l’histoire. Le rapport à l’image
doit être questionné et mis en perspective. C’est un livre qui doit être
relu, commenté et reformulé à plusieurs reprises. |