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Pédagogie Freinet en ZEP

A l’école maternelle

 

Elle s’articule autour de trois pôles de difficultés : violence, manque de motivation, déficit culturel. Ces trois domaines sont évidemment en relation étroite et se potentialisent mutuellement.

Un enfant violent a ,avant tout, besoin d’être reconnu, écouté et entendu. Mais pas dans n’importe quelles conditions ! D’ou l’émergence de lieux et temps de parole proposés et organisés dans le respect de tous.

Et cela est sans doute le message premier à faire passer :

 

Le respect que je te porte, je le porte à tous. Tu dois ,toi aussi, respecter les autres si tu veux que je puisse être disponible et que je puisse te donner l’attention dont tu as besoin .

 

Cela commence par l’accueil du matin : un temps ouvert à la parole individuelle et au choix des activités pour chacun . C’est un moment qui permet de retrouver les lieux, les autres et de se préparer aux activités de la journée.

C’est aussi le moment qui permet de dire ce que l’on a vu, fait ou ce qui ne va pas ou bien encore pendant lequel on peut ne rien faire, regarder, écouter parce que pour des raisons diverses on n’est pas encore prêt.

Ce temps est indispensable et permet à l’enseignant de remarquer très vite quels sont les enfants qui auront besoin d’être tout particulièrement entendus ou accompagnés ce jour là.

 

Le temps de parole collective : Quoi de neuf ? , organisé pour que chacun puisse s’exprimer est aussi un temps de reconnaissance de l’enfant. Suivant l’âge des enfants il peut être quotidien ou non , avoir une durée de 15 minutes ou 25 ; peu importe. Il sera organisé en fonction de règles qui seront discutées et élaborées avec les enfants pour permettre que la parole soit volontaire ,libre et respectée de tous.

 

Le temps de discussion et de gestion des problèmes, conflits et projets :

 le Conseil est un temps de régulation si l’on veut que les enfants se sentent concernés et impliqués dans le fonctionnement de la classe. La encore la durée , l’organisation et le fonctionnement sont discutés et organisés avec les enfants. Il est nécessaire que l’adulte se pose clairement comme garant de la sécurité de tous, et qu’il définisse les lois en vigueur comme le cadre qui doit être la base de toute discussion. Les problèmes rencontrés donneront matière à décider de règles de vie pour la classe et de sanctions en cas de transgression. On pourra alors organiser les moyens de mettre ces décisions en œuvre dans le respect de chacun.

 

Dans les écoles « difficiles » la règle doit être rappelée à chaque fois qu’un problème se pose et avec encore plus de poids quand il s’agit d’un problème de comportement. Ces enfants sont souvent en manque de repères dans leur famille et on ne leur apprend pas à régler les problèmes par la parole ni à réfléchir sur la l’existence et la nature des problèmes.

 

Les mots utilisés sont donc très importants :

Qu’est-ce qui s’est passé ? Qui est concerné ? Qui a un problème ? Quel est le problème ? Qui est gêné ? Il est essentiel que l’adulte se positionne clairement et explicite les choses : Je ne suis pas d’accord parce que c’est dangereux, parce que tu pourrais lui faire mal, parce que tu le gênes .

L’appel à la réflexion et au regard posé sur soi-même peut permettre une mise à distance : Est- ce que toi tu aimes qu’on te jette du sable ?, Est-ce que tu aimes avoir du sable dans les cheveux ? Est-ce que tu penses que lui, il aime ça ?

Le comportement de l’enfant peut aussi être repositionné : Est ce que pleurer va résoudre le problème, est-ce que cela va t’aider à fermer ton blouson, qu’est-ce que tu pourrais trouver comme solution ? Est-ce que tu es encore en colère ? Que veux-tu que je fasse ? Est-ce que je peux t’aider ? Est-ce que tu veux m’en parler ?

 

Si l’adulte est concerné par le problème il est important qu’il le dise :

 Tu fais du bruit et je n’aime pas ça, ça me gêne, j’ai mal à la tête, je suis gêné pour parler à tes camarades.

Cette façon de parler leur est étrangère le plus souvent mais après un moment d’adaptation ils l’acceptent et ils la reproduisent à leur manière : C’est pas ton problème, est une phrase qui se prononce dès l’âge de 4 ans.

Les enfants sont très sensibles à l’injustice

 et ce langage les touche et les met en confiance même si leurs premières réactions sont brutales ou muettes.

 

Les temps de récréation peuvent être des lieux de non droit très éprouvants pour les enfants s’ils ne sont pas organisés pour permettre un regard attentif et vigilant.

 

L’intervention doit la aussi se produire dès qu’une situation de souffrance peut apparaître et la parole la encore permettra de formuler le problème qui peut se poser. Un enfant qui rentre d’une récréation mal vécue n’est pas disponible pour participer à une activité de classe.

 

Et nous touchons la à l’essentiel car un enfant qui ne se sent pas écouté, reconnu, qui ne se sent pas en confiance ou qui se sent blessé, cet enfant ne va pas être motivé pour écouter la personne qui lui demande de rentrer dans un projet scolaire dont il ne perçoit pas toujours le sens.

Un autre des aspects difficiles de la scolarité en ZEP : la motivation de l’enfant, le sens qu’il donne à sa présence à l’école.

Le langage utilisé par l’enseignant prend encore une valeur toute particulière. Peu des mots utilisés ont un sens évident dans ce contexte.

 

Pour être écouté et entendu il faudrait pouvoir travailler le plus souvent en petits groupes.

 

Il est important de pouvoir vérifier ce que chacun a compris et de pouvoir expliciter à chaque fois en quoi l’activité proposée a un sens : ce qu’elle permet d’apprendre, et en quoi elle pourra apporter quelque chose à l’enfant, ce que ça lui permettra de réaliser par la suite : faire un rond permet d’écrire des lettres de l’alphabet, écrire sans erreur d’orthographe permet de faire des lettres pour sa famille, pour un employeur, savoir compter permet de rendre la monnaie.

Lui permettre de mieux comprendre le pourquoi de l’activité c’est aussi lui montrer comment il peut voir si ce qu’il fait est juste, comment il peut se corriger ou trouver de l’aide, en quoi il a progressé et de quelle manière, ce qu’il lui reste à faire et quand il pourra le faire ; Chacune de ces étapes doit être comprise pour être acceptée et la parole intelligible est nécessaire souvent quand l’enfant n’a pas l’habitude de l’autonomie et de la recherche.

 

Il faut donc du temps, et de la patience.

 

Prendre le temps d’attendre, d’installer un fonctionnement qui permettra ensuite une certaine autonomie c’est gagner de la disponibilité par la suite. Les règles de fonctionnements des matériels, des outils ou activités doivent être décidées avec les enfants pour leur permettre cette autonomie. Pour les mettre en confiance commencer par ce qu’ils aiment et ce qu’ils savent déjà faire leur facilitera la tâche. Le choix possible des activités dans un temps prévu et mesuré par eux-mêmes les aidera à les accepter.

L’entraide permet un climat de confiance mutuelle et la reconnaissance de l’erreur comme source de progrès, des recherches et des corrections formatives.

L’échange et la présentation des réalisations valorisent les participants et leur demandent des qualités de prise de parole qu’ils peuvent tester dans l’instant en regardant les visages de leurs interlocuteurs.

 

Cette façon de travailler n’est pas toujours facile à mettre en œuvre car elle demande un recul sur soi-même, une disponibilité, une écoute quasi permanente.

 

Des lieux et des temps de parole pour favoriser les échanges des enseignants leur permettent d’exprimer leurs réussites mais aussi leurs questionnements, leurs doutes . Le travail en équipe est donc une aide précieuse et une réponse indispensable quand se posent des problèmes de violence. Si les enfants ne sentent pas la cohérence des adultes, les règles de vie de la classe ou de l’école perdent leur pertinence.

 

Des formations à la communication, à l’écoute, à la gestion des conflits seraient des outils de formation initiale et continue précieux. Ils permettraient sûrement aux adultes de travailler dans de meilleures conditions car

pour travailler avec des enfants en difficulté d’être il est souhaitable de pas être soi-même en proie à cette difficulté.

 

F DIUZET

 

 

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